1.1 Localisation et organisation administrative
La commune de Ségbana est Située au Nord-Est du Bénin, plus précisément dans le département de l’Alibori.
Elle occupe 17.9% de la superficie (4700 km²) et 4,17% de la superficie nationale et est comprise
entre 10°32’ et 11°23’ de latitude Nord d’une part et 3°08’ et 3°50’ de longitude Est, d’autre part.
Elle partage ses frontières avec la commune de Malanville et la République Fédérale du Nigéria au
Nord, la commune de Kalalé au Sud, celles de Kandi et Gogounou à l’Ouest et la
République Fédérale du Nigéria à l’Est (carte 1).
Tableau 1 : Nombre d’unités administratives de la commune de Ségbana
| N° |
ARRONDISSEMENTS |
VILLAGES |
NOMBRE DE VILLAGES |
| 1 |
LIBANTE |
Libantè, Bobéna, Saonzi, Diapéou, Koutè, Goungbè |
06 |
| 2 |
LIBOUSSO |
Liboussou, Kambara, Lètè, Gbèssaka, Waranzi, Tounga-Issa |
06 |
| 3 |
LOUGOU |
Kamanan, Guénélaga, Gandoloukassa, Lougou-Niambara, Gbèkkakarou, Sinwan, Boumoussou, Zonzi, Gbassè, Lougou |
10 |
| 4 |
SEGBANA |
Lémanfrani, Batazi, Piami, Gbèssarè, Satimbara, Guené Kouzi, Mafouta, Kpassana, Fondo, Korowi |
10 |
| 5 |
SOKOTINDJI |
Sokotindji, Bèdafou, Morou, Gbarana, Sèrèbani, Sèrèkibè, Pohéla, Tchakama |
08 |
| TOTAL |
40 |
Source : Loi n°2015-01 du 06 mars 2015 modifiant et complétant la loi n°2013-05 du 27 mai 2013 portant création, attribution et fonctionnement des unités administratives et locales en République du Bénin et SDAC de Ségbana, 2020, avril ou mai 2023
Carte 1 Situation géographique et découpage administratif de la commune de Ségbana
Source : Fond topographique, IGN 1992 Réalisation : PIC, 2022
1.2 Contexte historique, démographique et culturel
Figure 1: Structure de répartition des âges de la population de Ségbana Source : INSAE, RGPH4 ; SDAC Ségbana, 2020
1.2.1 Contexte historique
La commune de Ségbana est majoritairement peuplée de Boo/Boko. C’est un peuple de langue mandé dont les mythes d’origine rabâchés par leurs traditions orales les font venir de l’Orient ; notamment de la Mecque . Leur ancêtre éponyme du nom de Ki-Sia/Kissira aurait conduit la plus importante vague migratoire qui a amené les Boo/Boko dans le Borgou. Les étapes les plus connues de cette longue et très ancienne migration sont Ilo, Bissa-Wέlε ou Boussa et Nikki.
En la mémoire de cet ancêtre éponyme Kissira et/ou celui de ses descendants, sont érigés des sanctuaires repérés à Swoala (près de Babana au Nigéria), à Morou (Commune de Ségbana), à Sakabanzi et Wenou, non loin de Nikki.
C’est d’Ilo et de Bissa-Wέlε/Boussa que les Boo/Boko ont essaimé en direction des localités comme Lètè, Sokotindji, Sakabanzi, Ségbana. Sans avoir une antériorité de fondation sur des localités comme Daho, Morou, etc., Ségbana fait aujourd’hui office de cité-mère des Boko et chef-lieu de la Commune.
Le site de Ségbana fut défriché par un Tchienga du nom de Seh, diminutif de Saré/Sabi. Seh étant élancé (gbãa en boo), on fit attribuer le nom de Seh- gbãa - bε (chez Seh l’élancé) au site qu’il venait de découvrir et qu’il commença par habiter, non loin de Daho. Daho est alors sous le contrôle de la puissante chefferie des Ky-Takou.
Seh- gbãa – bε, chez Seh l’élancé, devient Ségbana dans sa forme francisée. Les Boo/Boko essentiellement agriculteurs sont également réputés dans la production et la transformation traditionnelle du fer.
La commune de Ségbana est l’une des anciennes sous-préfectures du département du Borgou. Elle a été créée en 1963 et est majoritairement peuplée de Boo/Boko.
Ainsi, dans la mise en œuvre de la décentralisation, un certain Nombre de compétences propres sont dévouées aux communes. C’est ains que la loi 97-029 du 15 janvier 1999 portant organisation des communes en République du Bénin, en son article 84 « la commune élabore et adopte son plan de développement ». C’est dans cette optique que la commune de Ségbana a élaboré avec le concours des partenaires techniques et financiers trois PDC et a entamé la quatrième génération par le présent document.
De 1997 à 2013, les différents lotissements du centre-ville de Ségbana ont généré des Plans parcellaires ou de polygonation et de voirie. Lesdits plans, ne sont malheureusement plus disponibles à la mairie. Ils auraient été tous pris par l’Agence Nationale des Domaines et du Foncier (ANDF) dans le cadre de la réalisation du cadastre national et ne sont pas retournés à la mairie, à ce jour (cf. SDAC de Ségbana, 2020).
En 2009, un Plan Directeur d’urbanisme (2009-2017) a été élaboré par le Bureau d’études Afrique-Omnitech. Mais ce document est très peu connu des acteurs communaux (cité SDAC ; 2020). Toutefois, le périmètre de ce Plan Directeur est circonscrit à la ville de Ségbana ; donc à l’arrondissement central.
Enfin, en novembre 2012, la commune s’est dotée d’un Plan d’Hygiène et d’Assainissement Communal réalisée par le Bureau d’Etudes PENDJARI Ingénierie Conseils (PIC Sarl) ; avec l’appui technique et financier de la SNV Bénin, l’accompagnement technique de la DNSP/SHAB du département de l’Alibori, dans le cadre de la mise en œuvre du Programme Pluriannuel d’Appui au secteur de l’Eau et de l’Assainissement (PPEA) financé par l’Ambassade Royale des Pays-Bas.
1.2.2 Caractéristiques démographiques
Commune ordinaire, Ségbana a une population estimée, au dernier recensement (RGPH4, 2013), à 89 081 habitants, soit 10,27 % de la population du département de l’Alibori. Selon les projections de l’INStaD, l’effectif de la population est de 114.948 en 2022. Les femmes représentent environ 49,41 % de l’effectif de la population communale. Cette population de la commune de SEGBANA est en majorité jeune. Cette jeunesse s’adonne majoritairement aux activités agricoles. Cette population est composée de deux ethnies dominantes, à savoir les BOO et les PEULH. Par ailleurs, on note la présence des Ibo, des Yoruba du Nigéria ; des Haoussa et Djerma du Niger ; des Adja, Fon, Ditamari etc venant des autres communes du Bénin et qui s’investissent principalement dans le commerce, la fonction publique, l’agriculture… Ces immigrés dont l’effectif n’est pas négligeable au sein de la population communale participent aussi au développement local.
La répartition par groupe d’âge de la commune de SEGBANA est présentée sur la figure 1.
Répartition de la population par sexe et par arrondissement
Tableau 2:
Répartition de la population par sexe et par arrondissement
| Arrondissements |
Pop Totale |
% |
M |
F |
Population agricole |
Nombre de ménages |
Taille ménage |
| Libantè |
16 211 |
18,20 |
8 163 |
8 048 |
14 928 |
1 941 |
8,4 |
| Liboussou |
15 594 |
17,51 |
7 981 |
7 613 |
13 682 |
1 955 |
8,0 |
| Lougou |
13 504 |
15,16 |
6 994 |
6 510 |
12 115 |
1 702 |
7,9 |
| Sokotindji |
17 332 |
19,46 |
8 689 |
8 643 |
15 027 |
1 762 |
9,8 |
| Ségbana |
26 440 |
29,68 |
13 239 |
13 201 |
21 824 |
3 359 |
7,9 |
Source : INSAE, RGPH4 ; SDAC Ségbana, 2020
Selon les résultats du RGPH4 de 2013, la répartition de la population (tableau 4) est inégale avec en tête l’arrondissement de Ségbana (29,68%). Les autres arrondissements atteignent chacun au moins 17% de la population, sauf celui de Lougou qui reste le plus faiblement peuplé avec 15,16%.
Du tableau 6, il se dégage qu’il y a plus de 7 enfants par ménage dans les cinq arrondissements de la commune. Bien que faible en population, à comparer avec celle des autres communes de l’Alibori, Ségbana risque de connaître une poussée démographique très rapide dans les dix prochaines années du fait de son fort taux de natalité. Ceci pourrait constituer une menace pour l’occupation du sol, surtout que l’agriculture est la première et plus grande activité de plus de 80% de la population de la commune.
1.2.3 Caractéristiques culturelles et religieuses
Plusieurs groupes socio-culturels ou ethniques cohabitent dans la commune à savoir :
-
Les Boo, très majoritaires (75% environ de la population) ;
- Les Peuhls : 17% ;
- Les Dendi : 1,7%,
- Les Yoruba et apparentés : 1,6% et
- Autres (Haoussa, Baatombou, Fon) : 4,7%.
Ils pratiquent diverses religions dont les plus importantes sont par ordre : l’Islam, l’animisme, le catholicisme, le protestantisme et bien de Nombreuses nouvelles religions d’inspiration chrétienne et d’origine anglo-saxonne.
1.3 Contexte environnemental
1.3.1 Relief et hydrographie
Le relief de la commune de Ségbana se présente sous forme d’un plateau caractérisé par
la présence des roches sédimentaires détritiques, de l’argile et de terrains constitués
de roches calcaires blanches.
Le dénivelé est en moyenne de 250 m entre le point le plus haut et le point le plus bas.
Le climat qui y règne est de type Nord-Soudanien caractérisé par une saison de pluies
allant de mai à octobre et une saison sèche allant de novembre à avril. La hauteur
moyenne des pluies est de 1000mm. (SDAC 2020)
Sur le plan hydrographique, la commune présente un réseau dense. La quasi-totalité des
eaux de la commune est drainée vers le fleuve Sota. Le tableau 4 présente l’inventaire
des cours d’eau de la commune.
Selon les données du tableau et comme l’indique la carte suivante,
on distingue trois sources d’approvisionnement en eau que sont les barrages,
les retenues d’eau et les rivières.
Deux des cinq arrondissements (Ségbana et Liboussou) ont chacun deux
barrages pour l’approvisionnement en eau, tandis que tous les cinq ont
chacun une retenue d’eau, sauf l’arrondissement de Libantè qui en dispose
deux (Gbétin et Bobenna) sur les huit que compte la commune sont à réhabiliter.
Pour ce qui concerne les rivières, tous les cinq arrondissements en sont pourvus.
On déNombre 3 à Ségbana et à Liboussou, 1 dans Lougou et Sokotindji et 21 dans Libantè.
Au Nombre des 21 rivières à Libantè, 11 ont un écoulement permanent dans l’année et 10 ont
leur écoulement temporaire, donc s’assèchent pendant la saison sèche.
Relief et hydrographie de la Commune de Ségbana
Source : Fonds topographique, IGN –Bénin / RGPH2-3-4
Tableau 3:
Inventaire des cours d’eau de la commune
| Ressources en eau |
Arrondissements |
| Ségbana |
Libantè |
Lougou |
Liboussou |
Sokotindji |
| Barrages |
|
- Gbétin (à réhabiliter)
- Warrami
- Bobenna (à réhabiliter)
- Libanté
|
|
|
- Sanami (sur la voie de Waranzi)
|
| Retenues |
|
- Gbétin (à réhabiliter)
- Warrami
- Bobenna (à réhabiliter)
- Libanté
|
|
|
|
| Rivières |
- Tchanssou (Permanent)
- Diguina (permanent)
- Piami (permanent)
|
- Fao swa (Permanent)
- Warra (Permanent)
- Kanta (Permanent)
- Soamou (Permanent)
- Katin (Permanent)
- Saouman (Permanent)
- Zaio (Temporaire)
- Kolai (Temporaire)
- Swatin (Permanent)
- Gétin (Temporaire)
- Zakpèda (Permanent)
- Kéia (Temporaire)
- Kpazina (Temporaire)
- Kpassana (Temporaire)
- Ahanan (Temporaire)
- Nianan (Permanent)
- Yinan (Temporaire)
- Kounla (Temporaire)
- Kongni (Permanent)
- Poayi (Permanent)
- Kê-swa (Temporaire)
|
|
- Wanan (Gbessaka)
- Wartinna
- Kanan
|
- Gaasé peuhl ou sana (Permanent)
|
Source : Enquête de terrain pour SDAC, 2019
Le climat qui y règne est de type Nord-Soudanien caractérisé par une saison de pluies allant de mai à octobre et une saison sèche allant de novembre à avril. La hauteur moyenne des pluies est de 1000mm.
La commune de Ségbana est située sur le bassin sédimentaire de Kandi qui comprend deux groupes recouverts par le Continental Terminal dans la partie septentrionale du bassin et les dépôts alluvionnaires quaternaires du Niger. La géologie de la commune de Ségbana est caractérisée essentiellement par la formation des Grès. Sur cette formation géologique se sont développées :
- Des sols de grès, d’argile et du crétacé qui sont aptes à l’agriculture ;
- Des sols du socle granito gneissique qui sont moins aptes à l’agriculture et
- Des sols caillouteux dans les régions de Sinwan, Kouté, Gbarana, Morou et Gbessaré.
Tableau 4:
Estimation des superficies des types de sols
| N |
Types de sols |
Superficie (ha) |
Proportion (%) |
| 1 |
Sols minéraux bruts sur cuirasse |
14612,134 |
3,266797281 |
| 2 |
Sols minéraux bruts sur roche affleurante |
4148,74104 |
0,927523382 |
| 3 |
Sols peu évolués sur quartzite du socle |
362,5493054 |
0,081054217 |
| 4 |
Sols ferrugineux tropicaux, hydromorphes sur gneiss à ferro-magnésiens |
44538,77493 |
9,957419556 |
| 5 |
Sols ferrugineux tropicaux, lessivés sans concrétions sur grès du Crétacé |
63574,72604 |
14,21323827 |
| 6 |
Sols ferrugineux tropicaux, lessivés sans concrétions sur éluvions sablo-argileuses du Crétacé |
129617,2143 |
28,9781878 |
| 7 |
Sols ferrugineux tropicaux, lessivés sans concrétions sur matériau colluvial issu du grès du Crétacé et du Continental terminal |
2962,542767 |
0,66232808 |
| 8 |
Sols ferrugineux tropicaux, à concrétions sur embréchite |
55636,12476 |
12,43842556 |
| 9 |
Sols ferrugineux tropicaux, à concrétions sur embréchite porphyroïde à ferro-magnésiens et granite |
2030,833865 |
0,454028313 |
| 10 |
Sols ferrugineux tropicaux, à concrétions sur granite et granito-gneiss à deux micas |
14428,23088 |
3,225682531 |
| 11 |
Sols ferrugineux tropicaux, indurés sur grès du Crétacé |
58941,17101 |
13,17732627 |
| 12 |
Sols ferrugineux tropicaux, indurés sur matériau kaolinitique issu de gneiss ou ortho-gneiss à biotite |
28622,24219 |
6,399001197 |
| 13 |
Sols ferrugineux tropicaux, hydromorphes sur embréchite et granite |
5385,695096 |
1,204066024 |
| 14 |
Sols ferrugineux tropicaux, hydromorphes sur éluvions sablo-argileuses du Crétacé |
21769,59752 |
4,866973023 |
| 15 |
Sols hydromorphes, minéraux ou peu humifères à gley de profondeur sur matériau alluvial –colluvial |
661,762295 |
0,147948497 |
| TOTAL |
447292,34 |
100 |
Source : CENAP, 1989 et IGN, 1992, cité par SDAC, 2020
Carte 3 :Pédologie de la commune de Ségbana
Source:Fond topographique, IGN 1992
Le couvert végétal est caractérisé par de la savane arborée, arbustive et
herbacée. Les principales espèces et essences végétales rencontrées sont :
Vitellaria paradoxa (Karité), Parkia biglobosa (Néré), Adansonia digitata
(Baobab) qui favorisent la biodiversité et qui sont rencontrées dans les
forêts galeries, et les plantations de Anacardium occidentale (anacardier),
de Tectona grandis (Teck), de Khaya Senegalensis (caïlcédrat), d’Eucalyptus spp.
et Gmelina arborea (Gmelina) qui sont rencontrées dans les jachères et
mosaïques de cultures un peu partout dans tous les arrondissements.
Quant à la faune, on en distingue de deux catégories que sont la faune aquatique et la faune terrestre.
Dans les forêts classées de la Sota et des trois rivières, on rencontre
les espèces comme : singe, porc-épic, écureuil, rat, varan, serpent,
pintade, francolin, épervier, etc. Par ailleurs, la faune aquatique
est constituée des espèces de poissons surtout les tilapias, le silure,
la tortue aquatique.
1.6 Caractéristiques économiques
L’économie locale de la commune essentiellement informelle est dominée par une agriculture extensive peu mécanisée. Elle est aussi caractérisée par la faible transformation des produits locaux et un secteur tertiaire peu florissant accentué par l’impraticabilité des pistes de desserte rurales puis la faible culture entrepreneuriale des populations. L’essentiel des transactions se fait vers le Nigeria, tant pour les produits agricoles qui passent à tout moment la frontière pour le Nigeria et des produits manufacturés qui quittent le géant de l’Est vers Ségbana avant d’être ventilés vers d’autres horizons (Kandi, Parakou, etc.).